Post croisé de https://imaginair.es/@hangry/111487370274435004

D’aucun pourrait penser que plus d’entre nous commenceraient à supplier une quelconque déité. Or, ce ne fut pas exactement le cas.

Certes, certains se mirent à genoux et commencèrent à implorer en silence. Ce qu’il s’échangea entre le murmure de deux lèvres tremblotantes, je n’en ai pas la moindre idée. Et provenant d’un acte si intime, je ne veux pas le deviner.

Ce que j’aimerais savoir, c’est comme un acte d’une époque si ancienne put ressurgir d’instinct à ce moment. Notre culture est si nihiliste aujourd’hui, pensèrent-ils sur le moment qu’implorer l’Univers lui ferait pousser une conscience tout-à-coup, croiser les bras et changer d’avis ? Va savoir.

Oui, il y eut des prières certes, mais pas tellement.

D’aucun pourrait penser que dans une dernière étincelle de terreur et de panique, les gens ne penseraient qu’à la b**se. Certains tentèrent un marathon de performance, à l’image de leur fiction erotica favorite. Il y eut des paquets de corps noués et haletants sur le sol, certes.

Or, passé la frénésie des premières heures, jours pour les plus endurants, lorsque les cris et les gémissements se firent plus rares et espacés. Personne alors ne voulait plus sentir dans la transpiration de son ou sa partenaire, la même odeur de peur métallique, qui habitait déjà lugubrement, dans le fond de sa gorge.

Il y eut du sexe oui, mais pas tellement.

D’aucun pourrait penser qu’il y aurait eu alors plus de meurtres, de règlements de compte, de défoulement. Mais à quoi bon ?

Lorsque la menace est si absolue qu’elle égalise tous les hommes et femmes et enfants en bas-age, toutes les couleurs de peau, et les métiers. Alors l’Homme voit son prochain comme son égal. Un ami, un confident dans la pénombre du crépuscule menaçant.

Oui, l’humain est dégueulasse comme ça.

C’est ce que nous appelons intimement ce météore, aujourd’hui. Le “grand égaliseur”.

Une boutade légère de dernière minute. On en oublie la crispation du visage las.

Oui, il y eut de la violence et des matraquages. Et des cris et des morts. Certes.

Mais soyons honnêtes avec nous-même. Nous oublions de frapper le fantasme de notre colère et de notre haine, lorsque leur regard rivé dans le nôtre, reflète pareillement, cette lueur sordide jaune, que nous voyons dans le ciel.

Il y eut de la violence oui, au début. Mais pas tellement.

Non, en réalité lorsque je regarde autour de moi, je vois surtout des âmes damnées, assises au sol, les yeux fermés sereinement. Les larmes séchées sur les visages, les voix rauques de cris poussés à déperdition, tues dans un océan de silence. Si ce n’est pour les corbeaux croissant de toute leur hargne, comme pour défier le caillou magnifique, propulsé dans notre direction.

Le monde dans lequel nous sommes plongés en cette heure est un cimetière. Un unisson d’appréhension qui retient son souffle.

Et c’est par ces dernières lignes que je clos le dernier chapitre de mon livre. Tiens, je le baptise “le silence”.

Pourquoi pas.